Le Bon Roi Dagobert est une chanson parodique française anti-royaliste et anticléricale écrite vers . Elle évoque deux personnages historiques : le roi mérovingien Dagobert Ier (vers 600–639) et son principal conseiller, saint Éloi (vers 588–660), évêque de Noyon. La chanson est dirigée contre Louis XVI et contre les liens entretenus par l'Église catholique avec l'Ancien Régime, mais elle est utilisée plus largement contre les monarchies dans l'histoire de France.

De nos jours, il s'agit de l'une des chansons enfantines françaises les plus courantes.

Histoire

Création

Écrite vers 1787, cette chanson serait inspirée d'un air de chasse beaucoup plus ancien, La Fanfare du grand cerf,. Ses couplets sont écrits au fil du temps. Les premières paroles datent de la période révolutionnaire et sont destinées à tourner la monarchie en ridicule, notamment Louis XVI — que l'on trouve alors nonchalant et indécis,,. Dans l'un des passages dirigés directement contre Louis XVI, on trouve le passage suivant : « Le bon roi Dagobert / Mangeait en glouton du dessert », un texte visant la gloutonnerie dont Louis XVI était censé faire preuve.

Dagobert est alors perçu comme un archétype de roi fainéant et incapable ; bien que cela ne soit pas la réalité historique, il fournit un bon matériau artistique pour critiquer la monarchie en évitant la censure royale,. L'Église catholique est aussi visée à travers saint Éloi, qui représente dans la chanson une figure d'évêque donnant un blanc-seing au pouvoir politique. Cette évolution est décrite de la sorte :

La chanson met en lumière le rôle important joué par l'Église française, qui excusait, voire sanctifiait, les abus et les incompétences des rois. À mesure que les événements avançaient vers la Révolution française, la chanson est devenue à la fois anti-monarchique et anti-ecclésiastique. Les deux premiers ordres (noblesse et clergé) sont condamnés comme corrompus, incompétents, et gouvernés par des intérêts qui ne sont pas partagés par le troisième ordre. Ainsi, Dagobert a effectué sa dernière transformation, passant de roi client du saint patron royal à un bouffon, et finalement à l'obscurité.

Le fait que la critique soit à la fois religieuse et politique se retrouve dans le choix des personnages, Dagobert est ainsi choisi car il est le roi fondateur de la basilique saint Denis. La basilique est l'un des lieux centraux de l'idéologie religieuse qui sous-tend la monarchie de droit divin caractérisant l'Ancien régime.

Après la défaite en Russie et l'exil de Napoléon Ier à l'île d'Elbe, les royalistes reprennent la quinzième strophe. La chanson est donc interdite pendant les Cent-Jours,,. Les paroles sont appliquées plus tard à Louis XVIII à la Restauration et encore à Napoléon III,.

Postérité

Culture populaire

Pour son carillon horaire, l'horloge de l'hôtel de ville de Saint-Denis (en Seine-Saint-Denis) alterne entre deux airs différents, Le Bon Roi Dagobert et Le Temps des cerises.

Au début des années 2000, une étude est lancée dans une dizaine d'écoles primaires françaises ; on demande à des enfants âgés de 8 à 11 ans de dessiner des figures représentant des notions, comme par exemple la gentillesse. Dagobert est l'une des figures stéréotypées les plus dessinées de manière générale et est spécifiquement représenté pour caractériser l'idiotie. Aujourd'hui, elle est considérée comme étant une des chansons enfantines les plus courantes en France, aux côtés de Au clair de la lune.

Littérature

L'air est cité par Émile Zola dans Nana et Au bonheur des dames,. Le poète Charles Péguy lui ajoute de nombreux couplets, comme d'autres poètes, qui modèlent la version qu'ils préfèrent. André Rivoire écrit aussi une pièce inspirée de la chanson, Dagobert s'y marie. La traduction de cette référence culturelle a pu poser problème en anglais. Ainsi, un traducteur de Georges Perec en anglais a par exemple fait mention de la question dans le cadre de ses notes de traduction.

Musique

La chanson se démarque comme une inspiration importante de certaines œuvres de Erik Satie,,. Charles Trenet en tire Le Roi Dagobert, version personnelle chantée par Les Compagnons de la chanson en 1949. De son côté, la chanteuse Colette Renard a interprété en 1963 une version paillarde de cette chanson.

Peinture

La chanson figure dans les œuvres illustrées de Gustave Doré, notamment son Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la sainte Russie.

Cinéma

De nombreux films en sont tirés, notamment un film franco-italien réalisé par le réalisateur italien Dino Risi de 1984 et intitulé Le Bon Roi Dagobert. On trouve aussi un film muet de Georges Monca datant de 1911, et un film de Pierre Chevalier datant de 1963. La chanson fait partie du répertoire de Geneviève Félix.

Paroles

Musique


Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Chanson

  • Louis Montjoie, Chansons populaires de France anciennes et modernes, Sayat, De Borée, , 572 p. (ISBN 978-2-8129-0497-4), p. 15.
  • Martine David, Anne-Marie Delrieu et préf. de Claude Roy, Refrains d'enfance : Histoire de 60 chansons populaires, Paris, Éditions Herscher, , 192 p. (ISBN 2-7335-0166-6, OCLC 421759005), p. 70–73.

Légende

  • Robert Bossuat, Le roi Dagobert, héros de romans du Moyen Âge, dans les Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 108e année n° 2, p. 361 - 368 [lire en ligne]
  • Mireille Schmidt-Chazan, compte-rendu de Laurent Theis, Dagobert, un roi pour un peuple 1982, dans la revue Annales, tome 38-1, 1983, p. 214 - 215 [lire en ligne]

Articles connexes

  • Malbrough s'en va-t-en guerre
  • Dagobert Ier

Liens externes

  • Ressource relative à la musique :
    • MusicBrainz (œuvres)
  • [PDF] « 10 partitions pour piano »
  • Portail de la musique • section Chanson

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